Article dans Total Guitar 2014

Altered State

« Le frontman le plus travailleur du rock a laissé sa PRS de côté pour « World on fire » pour jouer pleinement son rôle en tant que chanteur de Slash »

La voix remarquable de Myles Kennedy l’a distingué comme un des meilleurs chanteurs du rock contemporain. Et, comme chaque personne connaissant son autre groupe le sait, ses capacités à la guitare et à l’écriture constituent un triumvirat de talents. Entre Slash et Alter Bridge, il ne quitte jamais la route pour plus de quelques semaines (il a un album solo presque terminé depuis des années mais n’a encore pas eu le temps de le finir), on lui accordera donc un peu d’ego. Cependant, il n’y en a pas, cet homme est drivé par ses démangeaisons musicales, pas par les pièges de la gloire. On a passé du temps avec le mec le plus gentil du rock, pour parler d’un nouveau feu qui commence.

Total Guitar : Tu as l’air de passer constamment de Slash à Alter Bridge, es-tu toujours sain d’esprit ?
Myles Kennedy : « Au début, il y a environ 4 ou 5 ans, quand ça a commencé, c’était dur de s’habitué au rythme des tournées. Hier soir, j’étais assis avec Mark Tremonti, et il me disait « ça fait 4 ou 5 semaines qu’on tourne, je sais pas comment tu fais pour repartir sur la route » On s’y habitue. Ca devient ta façon de vivre. C’est comme si t’entraînais ton corps à suivre comme ça. C’est comme un muscle, j’imagine. Plus tu l’utilises, meilleur il devient. »

Il y a 17 titres sur cet album, écrire n’a pas l’air d’être un souci pour toi, même avec 2 groupes à gérer…
« Pas encore. J’arrive toujours trouver de l’inspiration. Je ne sais pas si ca sera toujours le cas, parce que la plupart du temps on voit que les écrivains ont une quantité limitée de thèmes à aborder. J’ai appris qu’il ne fallait pas tant regarder à l’intérieur. Avant j’écrivais comme un journal, particulièrement à l’époque des Mayfield Four. Avec le temps, j’ai regardé le monde qui m’entourait et qui avait des histoires à raconter. Je ne suis clairement pas Bruce Springsteen, dans mes histoires à raconter, mais j’essaye de m’améliorer et de ne pas toujours partir d’un point de vue autobiographique. »

Quand tu as des idées de paroles pour ces chansons, est-ce que tu suis ton instinct ? Est-ce que tes premières idées sont souvent les meilleurs ?
«  Oui, et sur cet album beaucoup plus que sur Apocalyptic Love. Sur cet album, je pensais beaucoup trop à ces morceaux d’un point de vue mélodie. Sur celui là, je dirais que la majorité vient de l’instinct, la première mélodie à laquelle j’ai pensé est restée. C’est un flux de conscience, il faut suivre ses instincts. Il y a une raison pour laquelle c’est la première mélodie qui t’es venue à l’esprit. Faut pas en douter. »

Est-ce que c’était un soulagement que ne pas avoir à enregistrer la guitare rythmique sur cet album ?
« Oui, particulièrement parce que je balance entre deux projets. Je venais juste de finir une tournée en Angleterre avec Alter Bridge quand on a commencé à enregistrer l’an dernier. Ca m’a libéré pour les paroles. Lors des sessions d’Apocalyptic Love, je faisais la guitare les après-midi et j’essaye de m’assurer que les arrangements tenaient la route et que je pouvais enregistrer de manière compétente. Et après j’essayais de trouver du temps pour les chansons qui n’était pas finies. Avec ça, Slash pendant la journée aurait fait les guitares et j’aurais terminé les paroles à l’hôtel. Ca me venait la nuit et j’étais confiant et prêt à y aller. Mais c’était bien plus stressant pour moi.
Cependant, ça me manque de jouer de la guitare, parce que vous savez à quel point j’aime jouer de la guitare. Mais je pense que ça a bien marché pour cet album. Je suis content qu’on ait fait ça ainsi. C’était le premier album depuis le premier album d’Alter Bridge où j’étais entièrement concentré sur les paroles uniquement. Et je pense que ça a bien tourné pour moi en tant que chanteur parce que ça m’a accordé bien plus de temps, plutôt que de me concentrer sur deux taches. Mais j’aime toujours jouer de la guitare plus que tout, quand même. »

Est-ce que tu sens que vous êtes dans un vrai groupe maintenant ? 
« Oui, je sens ça depuis la fin de la tournée Apocalyptic love. On a assez joué ensemble et quelque chose a évolué. Brent et Todd sont de terribles musiciens, Brent peut jouer des tas d’instruments extrêmement bien, Todd a un incroyable talent. Il sait chanter aussi bien qu’il joue de la basse. C’est devenu une machine bien huilée, et tout le monde est très reconnaissant. Ca roule comme ça. »

Slash a eu un impact sur toi quand tu étais plus jeune avec Appetite For Destruction, comment a changé ta façon de voir son jeu maintenant que tu écris des chansons avec lui ?
« Quand j’étais plus jeune, je pensais qu’Appetite for Destruction était un album pivot pour beaucoup d’entre nous. On ne comprend pas forcément la dynamique d’écriture qu’il y a dans les groupes qu’on écoute, tu sais juste que tel gars fait ça, après il y a le batteur, le guitariste. Et je pense qu’une fois que j’ai commencé à écrire avec lui, j’ai réalisé à quel point il a tous ces riffs qui continuent à venir de lui. Il est très prolifique, il n’y a pas de doute la dessus. Et je n’ai pas l’impression que la source sera tarie d’ici peu. »

Tu es très occupé en ce moment, mais un succès plus grand que pour la plupart des artistes s’est ouvert à toi plus tard dans ta carrière, l’apprécies-tu plus maintenant que tu l’aurais fait avant ?
« Sans doute. Je pense que si je l’avais eu 20 ans plus tôt, je n’aurais pas réalisé la chance que j’avais. C’est en partie ce qui me fait continuer à travailler si dur non-stop. Je sais que ce n’est pas facile d’en arriver là, et tu ne peux pas prendre ça pour acquis. SI j’étais plus jeune, je n’aurais pas réalisé ca. Je suis très reconnaissant que ça ait pris si longtemps pour remonter la pente »

Original :
TotalGuitarCopyright