On est lundi après-midi et Myles Kennedy est dans un hôtel à San Francisco. Ou en tout cas il pense qu’il est à San Francisco.
« Je sais pas où je suis la moitié du temps » dit-il en rigolant. Et pas de doute : Kennedy, natif de Spokane, a été très pris à faire la première partie d’Aerosmith avec le guitariste des Guns N’ Roses et Velvet Revolver, et dès qu’il fait une pause, c’est pour repartir avec Alter Bridge. Il vit toujours à Spokane, mais il a rarement la chance d’y être ces jours-ci, et n’a jamais vraiment joué de show là haut avec Alter Bridge depuis 2010.
« Ca me rend triste d’être si peu à la maison vu que je suis tout le temps en tournée, c’est dur pour moi, » dit Kennedy. « Peut-être que dans les prochaines années, j’aurai l’occasion de jouer près de chez moi plus souvent. Rien ne pourrait me rendre plus heureux. »
En quelques année, Kennedy est devenue une légende locale : il a commencé en tant que professeur de guitare et musicien ici (avec ses premiers groupes comme Citizen Swing et The Mayfield Four), et a pris de l’importance en tant que chanteur et guitariste pour Alter Bridge, un groupe de 4 qui s’est formé après la séparation du groupe Creed.
Kennedy a dernièrement entrepris une collaboration avec Slash, qui a commencé il y a quelques années quand le guitariste écrivait son premier album solo. (Slash voulait que Myles chante dans Velvet Revolver, Scott Weiland de Stone Temple Pilots a finalement pris la place.)
« Sur cet album, beaucoup de chanteurs ont collaboré avec lui, de Ozzy Osbourne à Fergie, en passant par Lemmy de Motörhead » dit Kennedy. « Donc quand il m’a appelé j’étais un peu choqué, pour ne pas dire plus, qu’il ait pensé à moi. On s’est fait ça … Puis on a fini par écrire deux chansons ensemble pour l’album, puis on a parlé de partir en tournée. »
« C’est venu graduellement, la dynamique était géniale et on s’est éclaté à faire ça, et ça a juste évolué en quelque chose que l’on continue à faire 5 ans plus tard. »
Kennedy est le seul chanteur que l’on entendra sur le prochain album de Slash « World on Fire », qui sortira le 15 septembre, avec les conspirators. Kennedy décrit sa relation de travail avec Slash comme saine et productive
« Si on considère le succès qu’il a eu – c’est une icône – il n’agit pas comme une star, et ça rend ça vraiment génial, dun point de vu artistique. Slash a une idée très claire de ce qu’il veut faire musicalement, alors il m’envoyait un riff ou une progression d’accords. C’est un peu comme une toile sonore, à peindre avec mes mélodies et mes paroles. »
« Il a des idées géniales. Considérant tout ce qu’il a atteint en tant qu’artiste, ca en dit beaucoup sur lui qu’il soit ouvert comme ça, et c’est vraiment positif. »
Pour ses paroles, Kennedy dit qu’il s’est ouvert depuis qu’il a commencé à écrire -pas parce qu’il devient plus honnête, mais parce qu’il cherche l’inspiration dans de divers endroits : pour ses chansons de « World on Fire », il s’est inspiré de tout ce qui concerne par l’angoisse autour de « Mad Men » jusqu’à la satire surréaliste de Kurt Vonnegut « Abattoir 5 »
« Quand j’ai commencé avec Mayfield Four, c’était très personnel » dit Kennedy. « En fait, j’arrive pas à écouter les deux premiers albums des Mayfield Four, parce que c’est comme si j’écoutais un journal musical. Les temps ont changé, j’ai appris à regarder un peu autour de moi. »
Bien que son rythme ne tende pas à ralentir, et continue à le retenir loin de chez lui, Kennedy dit qu’il a toujours hâte de revenir à Spokane (Alter Bridge y jouera en Octobre à la Knitting Factory).
« Beaucoup de monde pense que j’ai quitté Spokane, mais ça reste mon chez-moi », dit-il. « Ma femme et moi avons essayé de vivre en Floride pendant six mois il y a 10 ans, et on s’est rendu compte que Spokane était fait pour nous. On adore cet endroit, notre famille y vit, il y a une bonne qualité de vie. On y est dès que je ne suis pas sur la route, ce qui ne représente plus beaucoup -on dirait que je vais devoir être éternellement en tournée- mais j’adore revenir à Spokane. »